Ce que j’aime dans la vie ce sont les rencontres imprévues et celle avec le groupe de rock les Fatals Picards l’est assurément. Car si je les connaissais de nom, c’est par la Bossa Nova de Jean-Marc Sauvagnargues, leur batteur que j’ai découvert leur musique. Comme quoi la bossa mène décidément à tout 😉
Ceci étant dit, j’ai eu la chance de discuter longuement avec Jean-Marc puis avec Laurent Honel, leur guitariste et auteur-compositeur et j’ai fait la connaissance de deux garçons passionnant, engagés et avec une vision saine de la musique. Ici on ne parle que de l’amour du public, de la langue française et de sa richesse pour évoquer non sans humour les grands sujets de société. Car l’humour fait partie de l’adn du groupe au même titre que leur passion pour la scène et le partage.

Mais revenons aux origines car je ne suis peut être pas la seule ignorante du coin et la seule à être passée à côté de ce groupe.
On démarre en 2000 quand quatre garçons (Ivan Callot le fondateur qui a quitté la formation depuis, Laurent, Jean-Marc, Paul Leger et Yves Giraud) décident justement de marier musique et humour pour parler d’homophobie, de chômage, d’immigration et tout pleins de sujets qui nous percutent à chaque coin de rue depuis un moment déjà.
Mais nous sommes dans un humour à la Desproges, celui de Bobby Lapointe ou Renaud, quand les mots se chargent de messages l’air de rien et l’air de tout, car jouer avec les mots est un art parfois oublié par certains et c’est bien dommage.
Voici un groupe atypique qui en 2007 se paye le luxe de participer à l’Eurovision confortant son image de rockeurs décalés mais qui surtout passe sa vie sur scène comptabilisant plus de 1700 concerts dont 9 Olympia complets entre la France, la Belgique, la Suisse et le Québec. Ils fêteront d’ailleurs leur 20 ans de carrière l’année prochaine!
Les Fatals Picards ce sont 9 albums studios et 3 albums lives. Certains ayant été financés grâce au crowdfunding, explosant les objectifs grâce à une communauté de fans très engagée.
J’avoue que je n’ai pas écouté tous les albums, mais le petit dernier par contre a eu toute mon attention. « Espèces menacées » est sorti en avril dernier. L’occasion pour eux de s’interroger et nous avec, sur l’impact des interdits alimentaires dans la vie de couple (« sucer des cailloux »), la vie révolutionnaire après la mort des idéaux. La chanson « Mon arbre » qui évoque sans concession mais avec beaucoup de poésie le drame du suicide dans le monde agricole m’a particulièrement touchée. La plume des Fatals est alors juste et pudique. On y parle d’écologie, de suprémacisme blanc, de films X des années 80, de la collusion entre business et terrorisme. Ça égratigne, bouscule mais sans pour autant oublier de nous faire danser et c’est bien la force des Fatals Picards, une envie irrésistible de vous donner le sourire malgré tout et de vous embarquer dans leur univers un peu fou certes, mais tellement ancré dans la réalité.
Une mention spéciale pour cette reprise d’anthologie du tube « Banana Split » sur laquelle Lio s’est invité pour un duo explosif et très très rock. Mais aussi pour les interludes qui sont autant de pastilles surprenantes liant les chansons les unes aux autres.
Vous l’aurez compris, j’ai aimé cet album parce qu’en ces temps de crises, la musique et le rock des Fatals Picards en particulier est une bouffée d’oxygène qui aide à prendre du recul, à se marrer l’espace d’un moment, à réfléchir aussi. « Espèces menacées » porte un regard à la fois décapant et tendre sur nos humanités. C’est un album riche, enjoué et engagé, engageant aussi. Bref une découverte tardive pour moi mais il n’est jamais trop tard pour rien en réalité dans la vie 😉
Les Fatals Picards sont en tournée un peu partout en France et ils seront à Paris au Trianon le 7 décembre 2019 et moi aussi du coup !