Maïtagari, c’est d’abord une voix qui invite aux voyages, une voix presque lyrique qui pourrait faire penser à la chanteuse Camille, dans l’utilisation qu’elle fait de la polyphonie. Mais, là où je trouve Camille parfois trop expérimentale, Maïtagari est plus accessible à mes oreilles et je me suis laissée embarquer dans son univers si particulier.
C’est un doux mélange entre pop, électro, transe et surtout beaucoup de poésie dans les textes. Maïtagari est tombée amoureuse de la musique de Björk à l’âge de dix ans. « J’ai puisé beaucoup d’inspiration dans ses créations pendant mon adolescence parce que j’étais fascinée par son univers musical et visuel très riche, sans limite et surtout qui réussissait, je trouve, à connecter l’imaginaire (dans les visuels, les arrangements etc…) à la réalité (sa voix et ses textes) » raconte-t-elle.
Licenciée en musicologie, formée au chant lyrique. Tout au long de son parcours musical, qu’elle initie à Narbonne, puis à Toulouse, avant de rejoindre Paris, elle explore différents styles, du jazz au rock expérimental en passant par l’impro et même un trio vocal humoristique.
En 2018, elle obtient une bourse de la région Ile de France et commence à travailler avec deux musiciens Pierre Petitjean (batterie électronique) et Manu Tovski (claviers, synthés) qui travaillent avec elle les arrangements et les instrus de ses chansons.
Avec une vingtaine de concerts à son actif, dans de jolies salles comme La Bellevilloise , La Manufacture Chanson et le Festival Off d’Avignon, deux singles sortis en 2018 et 2020, Maïtagari met à profit le confinement forcé du printemps dernier pour autoproduire un EP intimiste « VOCA« , composé de 5 titres en français aux textes forts. Elle y parle de la vie qui l’entoure, et comme elle le dit elle-même « de l’intérieur et de l’extérieur ».
Le magnifique « Aux Glaciers » porté par un clip fort, engagé et surtout participatif nous parle de ces sdf qui vivent sous notre nez, comme des ombres invisibles que souvent nous ignorons car trop pressés de vivre nos vies pour s’arrêter et juste écouter notre humanité. L’écriture est juste, sans pathos.
La voix de Maïtagari est un instrument qu’elle manie avec une dextérité peu commune, comme dans le titre « Le balcon des ambulances » sur lequel les harmonies remplacent les instruments. C’est beau et envoûtant. Sur scène, elle utilise aussi un looper qui lui permet de modifier le son de sa voix et de créer des arrangements vocaux en live.
Un coup de cœur pour « Mariage blanc » qui aborde un sujet lourd avec une force incroyable, sans ambiguïté. « Il y a des réalités que l’on ne suppose pas. La mienne a déchanté depuis longtemps déjà » chante t-elle, évoquant les rêves brisés de ces femmes prises dans un engrenage encore et toujours d’actualité.
Il y a une modernité évidente dans la voix de cette artiste, portée par le choix d’arrangements minimalistes. Un lien tout aussi évident avec la belle chanson française qui raconte des histoires, soignant les mots sans jamais céder à une facilité d’écriture.
« VOCA » est à écouter en se posant tranquillement et en profitant de chaque note chantée par Maïtagari.
Elle sortira un nouvel EP début 2021, plus proche de l’électro qu’elle propose sur scène mais la fée Maitagarri en basque n’a pas fini de nous envoûter.