Jean-Marc Sauvagnargues, le batteur des Fatals Picards, le groupe emblématique français m’a accordé une interview pour nous parler de l’actu des Fatals et des concerts-test qui auront lieu à la Secret Place les 5 et 6 Juin 2021 dans une volonté d’ouvrir les lieux culturels fermés. Malheureusement entre l’écriture de cette interview et la sortie de l’article, nous venons d’apprendre que le concert est annulé.

Comment vont les Fatals Picards après ces 15 mois d’arrêt forcés ?
Les Fatals vont mieux maintenant. Pour ne pas rendre cette période de confinement trop inutile ni trop stérile, on s’est mis à fond sur l’écriture de notre 10ème album. On est parti trois fois pendant six jours en isolement pour écrire et faire des maquettes et on a déjà enregistré 5 titres sur les 12 ou 15 que comptera l’album.
Vous avez encore réussi l’exploit de financer un album avec une campagne de crowdfunding incroyable. Quand est-ce qu’il devrait sortir ?
En effet, on a profité du confinement pour lancer cette nouvelle campagne de crowdfunding et on a battu nos propres records en récoltant 135 000 euros. Je pense qu’il y a eu une volonté supplémentaire des gens d’aider un peu les artistes. L’album ne sortira pas avant février 2022 et d’ici là, on espère sortir un ou deux titres avec des clips.
Est-ce que cette période de pandémie a influencé votre manière d’écrire et de composer ?
D’habitude, on écrit en tournée, on discute, on échange nos idées, on a du temps dans les loges pour faire avancer les projets. Mais là, on a été loin les uns des autres, ce qui ne nous est jamais arrivé depuis vingt ans, depuis 2007 et on ne voulait pas travailler via Zoom. Du coup, on a été obligé de mettre en place ces moments d’intimité, pendant lesquels nous sommes partis tous les quatre pour s’isoler. Ce qui a été formidable, ça a permis de travailler d’une façon différente.
Par contre, d’une manière générale, on n’essaye pas de réagir aux sujets d’actualité, parce que quelques années après, ça n’a plus d’intérêt. Pas de chanson sur le Covid donc dans cet album. On se l’est toujours un peu interdit. On a aussi refusé les propositions de concerts en streaming, parce qu’on considère que les concerts ne se font qu’en live et que ce n’est pas dans notre adn . On veut voir les vrais gens et on sait que nos fans attendent ça.
Auriez-vous sorti un album aussi rapidement après le dernier qui date de 2019 sans cette crise sanitaire ?
Je pense que sans le confinement, nous n’aurions pas sorti un album aussi rapidement (Ndlr: Espèces Menacées en 2019). Nous avions une tournée conséquente de plus d’une centaine de dates prévue qui nous aurait empêchés de trouver ces six semaines de travail.
Vous êtes parvenus à ne jamais couper les liens avec vos fans pendant cette période. Quel a été la chose la plus amusante que vous retiendrez de cette période de confinement ?
La plus amusante est sans aucun doute l’émission Poupou que notre chanteur Paul a mis en place sur les réseaux sociaux. Sinon, c’est une période qui m’a forcé à apprendre des choses, du montage vidéo par exemple et je me suis mis au piano comme un malade. Ca nous a forcé à faire d’autres choses, à continuer à ne pas se prendre au sérieux !

Et le plus difficile?
L’absence de concerts ! Quand tu pars tous les ans, au moins cent jours loin de chez-toi depuis vingt ans, que tu as une grosse tournée de prévue, que tu dois gérer tous les jours les annulations, les reports, que tu n’as aucune certitude et surtout que tu vis de ça. Tu as des moments de panique vertigineux. On a une équipe complète qui dépend de nous.
Beaucoup de dates ont été annulées notamment encore cet été, malgré tout, vous devriez fêter les 20 ans du groupe à l’Olympia le 18 septembre.
Il y a encore des dates qui s’annulent parce que les organisateurs ne savent pas encore à quelle sauce ils vont être mangés, surtout par rapport aux jauges. Mettre en place des règles sanitaires, tout le monde sait le faire désormais, mais certaines jauges font que les organisateurs privés notamment ne veulent pas s’engager à réserver des salles, des équipes, des artistes, payer des avances, sans savoir s’ils ont une chance d’être en positif financièrement à la fin du concert.

Pour l’Olympia, normalement, ça va se faire, mais si la jauge est limitée à 70 % et comme c’est déjà quasiment plein, on ne pourra pas faire le concert. Il faut que la jauge soit à 100 % en debout, sinon on ne peut pas sélectionner 30 % de personnes et leur annoncer qu’ils ne pourront pas venir.

Que pensez-vous du pass sanitaire et de la polémique autour de lui?
Pour le pass sanitaire, si c’est le prix à payer pour retravailler, on est d’accord. On peut tous faire un test salivaire pour aller voir un concert. Certains pensent que c’est une atteinte aux libertés, nous, on ne le pense pas. Si c’est nécessaire pendant une période donnée, c’est mieux que de ne pas jouer, ne pas aller au théâtre, etc. Faire un test salivaire avant d’entrer dans une salle de concert, ce n’est pas plus difficile que de montrer son billet.