Il est vrai que mes oreilles frétillent souvent ces derniers temps, et j’ai la chance de pouvoir découvrir des artistes incroyables venant d’horizons différents. Il n’y a pas une musique, mais des musiques, des émotions correspondant à chaque instant de nos vies. Certaines vous embarquent vers des territoires inconnus, d’autres vous rappellent des sensations ressenties des années auparavant, alors même que nos oreilles s’ouvraient telles des radars à la recherches d’ondes invisibles perdues dans l’univers. La musique d’Abakan fait partie, pour moi, de cette catégorie. Une voix qui vous enveloppe et vous rassure, un groove qui trouve ses origines chez Georges Benson, Al Jarreau, Stevie Wonder. Vous savez tous ces génies qui ont fait vibrer ma génération et qui ont posé les fondements de la soul pour la suivante.
Derrière ce nom Abakan, j’ai découvert un artiste qui a passé son enfance en région parisienne, avec un père musicien et chanteur. La musique des années 70 le berce tant qu’il dit lui-même » Quand les autres se rêvaient en héros du film, je me rêvais à être la bande son ». Et cette phrase résume bien l’approche quasi organique qu’à Abakan de la musique. Il se fait plaisir et ça s’entend.

Il se forme en autodidacte au piano et à la guitare et s’aguerrit en jouant dans les piano-bars, les cafés concerts et les soirées privées car la scène reste un moment de lâcher-prise totale et une vraie façon d’apprendre le métier. Capter l’attention du public et se concentrer sur son art est presque plus difficile dans les petites salles. Ce n’est pourtant pas au piano que Abakan compose mais à la guitare.
Un premier album de 10 titres, sort en 2014 « A New Man » un petit bijou de groove, de soul, de rock égrené de très belles collaborations avec Raphaële Atlan, HKB Finn et Dalila, car la musique d’Abakan ne s’envisage pas, sans cette notion de partage de good vibes. Trois années pour faire naître cet album en coproduction , très bien accueilli par la critique et le public et qui lui permettra de fouler les scènes du New Morning et de la Bellevilloise et de partir en mini-tournée en Asie pour sept belles dates.
Mais nous sommes dans une ère de consumérisme effréné et la musique n’échappe pas à cette règle. Alors, il décide de prendre du recul et de réviser ses attentes vis à vis de sa production musicale, prendre du plaisir, laisser ses chansons se balader au bout du monde et sortir ses morceaux au fil de l’eau et de son inspiration.
Fin 2018, Abakan rejoint le label Active Records et sort le titre « The People » dans lequel il nous parle de la nécessité de se reconnecter aux gens et de prendre à nouveau son temps, ne plus voir la vie à travers le prisme des écrans. Le groove est toujours là, et sa voix chaude et enveloppante qui donne envie de danser.

2019, est marquée par la sortie de « Perfect Paradise » qui flirte du côté de la folk avec la guitare sèche de Nyr Raymond, Vincent Payen, le trompettiste d’Electro Deluxe et Goldey Simon.à l’orgue. Il s’entoure depuis toujours, d’excellents musiciens et d’une parolière de talent, Crystal Petit. « Freedom » sort en juin 2019 avec des sonorités plus electro sans renoncer au groove qui fait sa marque de fabrique.
Pour ma part, j’ai découvert sa musique avec le titre « Lonely Place » qui est sorti hier sur toutes les plateformes et qui a été enregistré pendant le confinement donc à distance. Depuis Vancouver avec Jonny Tobin, talentueux clavier, Christophe Pinheiro, le guitariste d’Abd Al Malik, Crystal Petit et Abakan depuis Tel Aviv. Un morceau plus funky qui aurait sans doute plu à Grover Washington Jr.
Il nous a suffi d’un coup de fil de Tel Aviv à Paris pour que je sois convaincue que Abakan est un artiste à connaître absolument, une belle personne, un chanteur incroyable et un immense musicien pour qui la composition passe avant tout. Je vous invite donc à le découvrir et si vous n’avez pas envie de danser ou de vous poser pour profiter du moment, c’est qu’il est grand temps de faire une pause 😉
Abakan est aussi un blogueur qui partage son expérience dans le marketing musical et je ne peux que vous encourager à aller faire un tour sur son blog Spread the World pour y apprendre pleins d’astuces quand on est un artiste ou un groupe émergent.